55 millions de personnes jouent au golf chaque année dans le monde. C’est un sport qui réunit un panel très divers allants du jeune à la personne senior ainsi que des degrés de niveau très différents.

Quel que soit le niveau de compétence, jouer au golf offre de nombreux bénéfices comme, cardiovasculaires, ou encore le maintien d’une activité sociale et enfin une stimulation mentale, notamment par l’élaboration de stratégies.

C’est un sport passionnant qui a néanmoins des contraintes sur le dos que nous ne soupçonnons pas forcément.

C’est pourquoi nous allons voir les avantages et les risques liés au profil de joueur que ce sport peut amener, puis les contraintes sur le dos que cela apporte et comment y remédier.

Avantages et risques du golf

En plus des avantages cités précédemment, nous pouvons y voir également un maintien de l’équilibre (la proprioception), qui est très important pour conserver une bonne autonomie notamment en prenant de l’âge.

Le golf est considéré comme un sport à faible risque, sans impact, permettant la participation, sans crainte de blessures traumatiques.

À savoir qu’il y a plus de 26 millions de golfeurs aux Etats-Unis, dont environ 25 % ont plus de 65 ans. Le volume de pratiquant continue de croître de 0.6 % par an avec des perspectives plus que favorables à mesure que les baby-boomers prennent leur retraite.

Mais bien que les blessures aiguës se produisent rarement, les blessures par surutilisation sont les plus fréquentes chez les golfeurs. Pour les golfeurs professionnels la lombalgie est le deuxième motif de forfait à un tournoi.

La lombalgie au golf représente 34 % de toutes les blessures. Étant donné que la blessure moyenne dure entre 2 et 4 semaines, elle coûte cher à l’industrie du golf, et bien entendu au système de santé.

On identifie 2 types de joueurs :

  • Les golfeurs professionnels qui ont tendance à subir des blessures par surutilisation en raison de l’augmentation de la fréquence de la pratique.
  • Pour les golfeurs amateurs, les blessures sont souvent multifactorielles ; leurs blessures par surutilisation résultent souvent d’une technique inappropriée couplée à des déséquilibres musculaires.

La particularité du dos de golfeur

Les blessures au bas du dos ont des causes larges, elles souvent sont souvent désignées par des douleurs lombaires (LBP= low back pain).

Le swing de golf représente un élément qui contribue aux blessures au bas du dos et aux déséquilibres musculaires en raison de sa nature asymétrique. La colonne est utilisée comme un fléau, c’est-à-dire un accélérateur de mouvement : la rotation lors d’un swing charge la colonne vertébrale avec des composantes de torsion, de compression et de cisaillement, compromettant ainsi la stabilité de la colonne vertébrale.(2)

Exemple d’un swing :

Voyons maintenant ce qui se passe plus précisément dans le dos.

Si on s’intéresse à la structure d’un disque intervertébral, on remarque qu’il est composé de 2 types de structures :

  1. Un gel interne qui lui confère sa capacité à amortir les chocs.
  2. Un anneau fibreux externe (annulus discal) qui l’entoure.

Cet annulus discal est composé de 10 à 20 anneaux concentriques appelées lamelles. Pendant les efforts en rotation de la colonne vertébrale, les fibres obliques de l’annulus vont à l’encontre du mouvement en rotation : elles servent de frein et sont donc étirées.(1) Cette tension est maximale dans les fibres centrales de l’anneau qui sont les plus obliques. Lors d’une rotation en flexion de la colonne, le noyau est fortement comprimé et la force s’exerçant a tendance à repousser le noyau vers l’arrière au travers de ces fibres de l’annulus.

C’est ce type de force qui a tendance à conduire à une hernie ou une protrusion discale si les fibres de l’anneau s’abîment et ne résistent pas à cette force.

Lumbar spine disk anatomy segment medical concept as a close up of the human back skeleton as a vertebral magnification with a spinal cord and disk as a 3D illustration isolated on white.

Quelle conduite à tenir ?

Si vous avez mal au dos, déjà, rassurez-vous ! Le but n’est pas de vous demander d’arrêter de jouer systématiquement, mais bien de mettre tous les moyens de votre côté pour pouvoir continuer votre activité favorite.

Il faut cibler deux axes : l’amélioration de votre condition physique générale et améliorer la qualité de votre swing.

Quelques données tout d’abord. D’après un travail de la PGA (Professional Golf Association) le taux de retour au golf est de 95 % après un épisode de lombalgie simple. Le taux de retour après une hernie discale est lui de 79 % à quatre mois (chez le sportif jeune) ; traité de façon conservatrice (sans chirurgie) avec un traitement comprenant : une pause sur le golf, l’utilisation d’antalgiques et la kinésithérapie.

Nous pouvons aussi évoquer le parcours de Tiger Woods opéré plusieurs fois d’une hernie discale avant de devoir subir un remplacement de son disque par une arthrodèse lombaire par voie antérieure. Il gagna le Master d’Augusta l’année d’après, grâce à une préparation physique postopératoire intensive.

Comment améliorer votre condition physique pour éviter une lombalgie ?

Du fait des contraintes entraînées par la haute vélocité du swing, l’entraînement à la stabilité du tronc fait partie intégrante d’un programme de réadaptation pour un golfeur souffrant de lombalgies.

L’activation du diaphragme, du plancher pelvien et des abdominaux est essentielle à la stabilisation du tronc pendant la respiration. L’importance du contrôle de cette respiration lors du swing est largement accepté dans la communauté du golf.

Exemples d’exercices

Voici trois exercices que vous pouvez faire :

1. Travail du transverse :

Lors d’une rotation/ swing les vertèbres pivotent les unes sur les autres. Au niveau lombaire, l’axe de cette rotation ne se situe pas au centre du disque mais est déporté en arrière, entrainant donc un phénomène de cisaillement des fibres de l’annulus pendant la rotation.

Avec l’usure discale, un phénomène de translation des vertèbres va s’associer à cette rotation des vertèbres. Cette association de rotation et translation va contribuer à stresser, user davantage les fibres ligamentaires de l’annulus discal (fibres de Sharpey).

L’entraînement de la musculature latérale comme le carré des lombes ou les obliques sont essentiels afin de limiter ces composantes de cisaillements au niveau du disque dont on a parlé plus haut (annulus). Ils permettent de limiter le phénomène de translation associé à la rotation des vertèbres notamment et peuvent économiser l’usure du disque. Afin de diminuer le stress sur les articulations du dos, on évitera au moins au début de commencer la rééducation par un travail induisant des rotations.

2. Travail des obliques et carré des lombes :

On n’oubliera pas non plus d’activer les muscles du dos (spinaux). Ils sont les principaux soutiens de la colonne vertébrale. Tout comme les extenseurs de hanche (fessiers) qui participent activement à maintenir une extension lombaire gage de stabilité de la colonne lors de ces efforts à haute vélocité. Ces muscles endurants seront mieux sollicités sur des temps de tenu assez longs et le travail sur plan instable améliore aussi le recrutement des fibres musculaires. Ce sont des muscles très proprioceptifs dont le recrutement est favorisé via le travail sur des plans instables comme les ballons de rééducation.

3. Renforcement des extenseurs avec proprioception :

Il est difficile d’isoler un muscle comme le « plus important » pendant un swing de golf. La stabilité du disque est assurée par l’ensemble des groupes musculaires fonctionnant de façon conjointe. Si une partie ne fonctionne pas, l’ensemble du mouvement est compromis bio-mécaniquement. De même que des limitations de mobilité de la hanche peuvent entraîner une sur sollicitation des articulations sus jacentes comme les lombaires. Des programmes de stretching doivent accompagner cette préparation.(4)

L’amélioration de la qualité du swing est un travail de terrain, réservé aux professionnels de cette activité mais pour lesquels les kinésithérapeutes commencent à se former depuis plusieurs années. On pourra recommander d’activer les abdominaux dès la montée du swing ou encore de limiter les phénomènes d’Overswing notamment (travail de limitation d’amplitude pendant la phase de montée du club).

Conseils supplémentaires

Quelques activités de prévention simple peuvent être utiles comme :

  • Le fait de pousser son chariot plutôt que de le tirer,
  • Porter un sac à double sangle,
  • Utiliser un Long Putter pour réduire les adresses trop prolongées en flexion si celles-ci sont pénibles.
  • Porter une ceinture de maintien lors des épisodes de lombalgie ou lors des sessions intenses de practice.

Conclusion

Le golf est un sport passionnant avec une dimension sociale et sportive. Les contraintes mécaniques sur la colonne induites par la vélocité d’un swing sont sous-estimées chez les amateurs. Les programmes de prévention qui montrent le plus de résultat sont des programmes multidisciplinaires ou le travail de préparation doit être couplé avec une correction du geste sportif. Chez le sportif de très haut niveau, on constate une intensification majeure de l’athlétisation depuis les années 2000 pour arriver non seulement à taper plus loin (amélioration de la performance sportive) et diminuer les blessures (jouer plus longtemps). Peut-être ce message devrait-il être relayé chez les sportifs amateurs afin de les inviter à mieux se préparer.

Bon golf !

Sources :

  1. https://reidphysicaltherapy.com/spinal-disc-mechanics-understanding-relationship-rotation-compression/
  2. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30130164/
  3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3899905/
  4. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666337620300068

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